Il y a quelques temps j’ai eu la chance de répondre aux questions de Grégory Laroche le fondateur du site Bonplanphoto . Pour en savoir un peu plus sur moi je vous invite à lire cette interview ci-dessous ou sur le site www.bonplanphoto.fr/interview-de-sofiane-bensizerara/
Bonjour Sofiane,
Peux-tu te présenter en quelques lignes, comme photographe, mais pourquoi pas sur ta vie en dehors de la photographie?
Toulousain d’adoption, j’ai 31 ans et je suis maintenant photographe indépendant depuis 2012. L’essentiel de mon activité professionnelle se concentre dans les mariages, pour le reste j’effectue quelques reportages d’entreprise et des portraits. Hormis la photo, la musique et le cinéma tiennent une place importante dans ma vie. Lorsque je retouche mes photos, il y a toujours un fond musical, choisi en fonction de mon humeur. Quant au cinéma c’est simple, je suis accro!
Peux-tu me raconter un peu ton «histoire» photographique et nous présenter ton/tes style(s) de photo de prédilection ?
Bien que j’ai depuis toujours été sensible aux arts visuels en tant que spectateur, mon histoire photographique a commencé très tard, en 2010.
Donc, en 2010, n’ayant toujours pas d’appareil photo (bouhhh…!), j’ai acheté un compact environ 15 jours avant un premier voyage en Grèce, histoire de ramener quelques photos souvenirs. Instantanément et presque instinctivement, je me suis pris au jeu de la création, en cherchant les meilleurs angles de prises de vue, jouant avec la lumière, bidouillant les réglages (minimes) du compact. C’est à partir de ce moment là que la photographie est entrée dans ma vie.
En effet à mon retour j’ai commencé à m’intéresser de plus en plus à la photo, puis deux mois après, ce qui devait arriver arriva : je me suis offert mon premier réflex !
Bien sûr je n’y connaissais pas grand chose et devant tous ces boutons et toutes ces possibilités, j’ai voulu tout savoir. Je me suis donc documenté sur le net (merci Bonplanphoto!) et procuré divers bouquins très théoriques sur le fonctionnement d’un boîtier, les techniques de base de la photographie etc… Après quelques mois de lecture l’appareil à la main, 20 heures par jour (bon ok, j’exagère un peu…) j’ai enfin pu m’éclater avec mon appareil et développer ma créativité par l’expérimentation.
A la base, je n’avais pas de domaine de prédilection et je shootais sans cesse tout et n’importe quoi. Je savais seulement que j’avais une préférence à photographier les êtres humains, autrement dit, pour la photo humaniste.
Mes débuts étaient assez difficiles car malgré tous mes efforts, je n’arrivais pas à produire un cliché qui me ne me satisfasse ne serait ce qu’un petit peu.
La photographie est un moyen d’expression, que cherches-tu à faire comprendre à travers tes photos ?
Je pense que nous avons tous besoin d’avoir un moyen d’expression. La grande partie de mes amis avaient déjà trouvé le leur à travers le dessin, la peinture, la musique, l’écriture, la sculpture, la danse, le chant et même le théâtre. Je désespérais de trouver le mien. Jusqu’au jour ou je me suis retrouvé avec un appareil photo entre les mains. Je me suis très vite senti à l’aise avec et su que c’était la voie royale pour exprimer mes sentiments.
Pour le moment je n’ai quasiment plus de temps pour mes projets perso, bien que je fourmille d’idées.
A mes débuts, passionné par la musique et par les gens qui la font, je commençais à prendre des photos de musiciens de rue (pas très original je sais) croisés tout à fait par hasard. Je voulais mettre l’accent sur leur solitude au milieu de l’agitation de la ville et l’indifférence des gens devant, quelquefois, de réels talents.
J’avais commencé aussi une série sur la télévision dans laquelle je cherchais à traduire l’isolement engendré par la télé tout en mettant en relief le fait que pour certains, elle est la seule distraction et le seul lien avec l’extérieur.
Je vais m’arrêter là même si j’ai encore plein de sujets que je souhaiterais aborder en photo lorsque j’aurai plus de temps. Toutefois, s’il devait se dégager un thème commun, ce serait celui de la société dans laquelle nous vivons et des relations entre les hommes.
On dit que la photographie est un virus qui se transmet, où l’as tu attrapé ? Tu l’as transmis ?
En fait je crois que j’étais porteur du virus depuis ma naissance, il a incubé lentement jusqu’au jour où, sans prévenir, la maladie a été diagnostiquée. Le choc !
Plus sérieusement, comme je l’ai dit plus haut, je suis tombé dans la photo tout seul et totalement par hasard, lors d’un voyage. Je pense que tout le monde l’aura déjà compris mais la photo a une place très importante dans ma vie donc forcément, j’en parle beaucoup. De ce fait, j’ai effectivement transmis ce virus à plusieurs personnes. D’ailleurs, certains de mes amis qui ne s’intéressaient pas trop à la photo jusque là, me surprennent maintenant lorsqu’ils me montrent leurs clichés ou qu’ils commentent de manière très pertinente certaines photographies.
Dans tout ton matériel photo, as-tu un objet porte bonheur, ou un objet qui t’es précieux?
Je ne suis pas superstitieux donc pas d’objet porte-bonheur. J’aurai tendance à dire que mon 5D III est mon objet le plus précieux, mais je tiens à souligner que le meilleur appareil pour couvrir un mariage n’est pas celui qui coûte le plus cher mais bien celui avec lequel on se sent le mieux et que l’on connaît parfaitement.
Dans la photographie de mariage, qu’est ce qui est, selon toi, le plus compliqué ….? Et le plus gratifiant?
Le photoreportage de mariage implique d’être à l’aise avec beaucoup de genres photographiques (portrait, studio, reportage et même packshot). Il est essentiel d’avoir plusieurs cordes à son arc. Il faut savoir mêler la photo de reportage à la photo artistique en faisant avec les lieux, la lumière présente et les imprévus. Durant toute la journée d’un mariage, j’ai le cerveau en ébullition, en constante recherche du meilleur point de vue, de la moindre émotion…
Une autre difficulté est de savoir anticiper. Mis à part lors des photos de couple et de groupe, je ne dirige personne. Je reste très mobile et je m’efforce de prévoir les réactions des invités, les moments forts pour me placer en fonction et être prêt à déclencher.
Le plus gratifiant est le moment où je livre les photos aux mariés. J’apprécie, lorsque j’en ai l’occasion, de rester avec eux pendant qu’ils visionnent le reportage pour connaître leur ressenti. Ils revivent la journée comme elle s’est vraiment déroulée et voir l’émotion sur leurs visages me ravit.
Quels sont les photographes qui t’inspirent?
Impossible de les citer tous ici il y en a beaucoup trop, des pros comme des amateurs, des anciens comme des contemporains. Mais pour n’en citer que quelques uns parmi les plus connus, Helmut Newton, Guy Bourdin, Martin Parr, Richard Avedon, William Klein, Jean Loup Sieff ,Saul Leiter et bien sûr Henri Cartier Bresson.
Pour ce qui est des photographes spécialisés, entre autre dans le mariage, je tiens à citer Johann Majerus à Nice, qui m’a beaucoup aidé dans mon apprentissage et que j’ai pu assister sur certains de ses reportages. Au delà de son style très proche de la photo de mode pour les photos de couple, il met l’accent sur la photo authentique, celle qui privilégie le travail à la prise de vue et dont le post traitement, limité au maximum, ne dénature pas la photo.
Je ne suis pas du tout contre la retouche exagérée des photos, bien au contraire, lorsqu’elle est maîtrisée cela produit de magnifiques images. Cependant pour un reportage de mariage, je préfère les photos plus naturelles, façonnées à la prise de vue, qui redonnent au travail du photographe ses lettres de noblesse. Elles peuvent être imparfaites aux regards de certains mais à mes yeux, ce sont celles qui possèdent le plus de charme.
Parmi tes photos, si tu ne devais en retenir qu’une seule, peux-tu nous présenter ta photo préférée et nous raconter son histoire?
Encore un choix difficile ! Sur cette photo, la petite fille, qui n’est autre que la nièce de la mariée, faisait pas mal d’aller retour dans l’allée de l’église. Lors de ce moment très solennel nous n’entendions qu’elle ! Voulant la prendre en pleine action, je me suis donc placé en conséquence. J’ai pris quelques photos qui ne me convenaient pas, mais lorsque la mariée s’est tournée en souriant, j’ai su que c’était la bonne.
Au delà de la photo cette cérémonie m’a laissé un souvenir extraordinaire notamment grâce au prêtre qui était très atypique.
Tous droits réservés à Sofiane Bensizerara
Quelle serait la prochaine photo que tu aimerais faire ?
Pour ce qui est des mariages, il n’y a pas une photo en particulier que j’aimerais faire. Mon but est de poursuivre dans cette voie et produire des photos toujours plus qualitatives et qui répondent aux attentes de mes clients.
Pour le reste, j’ai parlé un peu plus haut de certains projets qui me tiennent à cœur et dont je ne souhaite pas parler encore mais j’ai un carnet rempli de croquis de photos que j’aimerais réaliser.
Imagine que l’on te donne un crédit illimité, quel projet photographique, dingue ou plus sage, aimerais-tu réaliser?
Aucune idée, ce serait le rêve ! Une chose est sûre, je pencherai plus pour le côté dingue car pour les projets plus sage, pas besoin de crédit illimité !
Quels conseils donnerais-tu à un photographe débutant?
Je lui dirai donc de se forger un oeil en regardant le travail des autres photographes et par dessus tout de faire des mariages en tant qu’assistant. L’idéal étant d’accompagner un photographe dont on aime le travail et accessoirement avec qui on s’entend bien !
J’ajouterai de ne pas se précipiter et mitrailler tout et n’importe quoi le jour J. Le risque serait de rater ses photos ou de passer à côté des clichés qui auraient pu valoir le coup.
Si tu devais conseiller un photographe, et un seul, à Bon Plan Photo et à ses lecteurs, qui proposerais-tu?
Je l’ai cité un peu plus haut, il s’agit de Johann Majerus. Je vous invite à consulter ses portfolios et à observer tout le soin qui est porté au cadrage, à la gestion de la lumière ainsi que la vie qui se dégage de ses instantanés.
Un dernier mot?
Mon dernier mot sera un énorme “Merci” à ma compagne Clara. Non seulement elle me supporte dans cette passion chronophage qui est la mienne mais en plus, elle me soutient et est toujours prête à sacrifier de son temps pour m’épauler.
Merci